Le monde agricole en colère : décryptage du mouvement de contestation 

On vous en dit plus sur l'actualité actuelle et pourquoi le monde agricole est en colère !
  • Le sursaut des agriculteurs français

Ces derniers jours, la mobilisation des agriculteurs a révélé un nouvel élan de solidarité au sein de cette profession, mettant en lumière leur unité face aux nombreuses difficultés rencontrées depuis des décennies. Ce soulèvement, bien qu’il ne soit pas le premier en France, semble particulier car largement partagé et soutenu par 82% des Français selon un sondage de RTL.

L’agriculture française a toujours été un pilier de l’économie et fait partie de l’identité de la France. Le mouvement a permis de constater le profond sentiment d’attachement qu’ont les Français envers les agriculteurs du pays, atténuant ainsi le sentiment d’isolement ressenti par nombre d’entre eux. 

  • Quelques chiffres alarmants

Le constat est préoccupant : en dix ans, la France a vu disparaître plus de 100 000 fermes et exploitations agricoles, une situation qui génère un sentiment d’inquiétude auprès des agriculteurs et des consommateurs. Au moment de l’après-guerre, la France comptait 2.5 millions de fermes alors qu’aujourd’hui le chiffre est descendu à 80 000. 

Seulement 12% des terres agricoles en Europe sont qualifiées comme paysannes ou familiales et pourtant parviennent à nourrir 32% de la population européenne. Ce constat montre que ce type d’agriculture est efficace en plus d’être respectueuse de l’environnement et de la santé des populations en comparaison à l’agriculture intensive. 

Selon une étude récente de l’INSEE, 1/3 du revenu total des ménages agricoles est issu de la production agricole, ce qui veut dire que 2/3 du revenu du foyer dépend de l’activité du conjoint-e de l’agriculteur

18% des agriculteurs en France vivent en dessous du seuil de pauvreté fixé à 1 100 euros par mois. 50% perçoivent un salaire net inférieur au SMIC

  • Les conditions de vie des agriculteurs

En plus de ces difficultés économiques, les agriculteurs français font face à des conditions de travail éprouvantes. En moyenne, ils consacrent 70 heures par semaine à leur exploitation pour un revenu moyen total de seulement 500 euros par mois. Salaire qui, lorsque l’agriculteur peut se le verser, n’a pas augmenté depuis près de 10 ans, et ce, malgré la hausse des coûts de production. 

C’est donc tout naturellement que l’annonce faite par le gouvernement il y a quelques semaines visant à augmenter les taxes sur le carburant et notamment le gazole non routier a exacerbé leur colère et leur frustration. 

L’ensemble de ces contraintes ainsi qu’une situation financière précaire transforment le travail des agriculteurs en France comme celui de chefs d’entreprises soumis à la pression économique et subissant de plein fouet la mondialisation plutôt que comme des éleveurs et des paysans passionnés par leur métier. 

L’endettement croissant pousse les exploitants à toujours prolonger leur journée de travail afin de produire plus pour rembourser les dettes et parvenir à se verser un salaire tous les mois créant ainsi un cercle vicieux. 

Cette situation affecte leur qualité de vie et les pousse à sacrifier leur vie personnelle et familiale afin de sauver leur exploitation.  

Malgré ces difficultés, la majorité des agriculteurs restent déterminés à poursuivre leur activité sur leur terre, qui souvent provient d’un héritage familial transmis par leurs parents et grands-parents, avec le souhait à leur tour de la transmettre à leurs enfants. 

  • Les contraintes du marché agricole

Les agriculteurs français font face à de multiples contraintes venant de l’Europe et du reste du monde compliquant au quotidien l’exercice de leur métier. 

La PAC (la Politique Agricole Commune) représente un des budgets les plus importants voté par l’UE pourtant, elle ne reverse que 20% de son enveloppe budgétaire aux agriculteurs français

Cette politique entraîne une lourdeur administrative avec des réglementations parfois déconnectées du monde et de la réalité du secteur agricole. 

Les agriculteurs voient leur production soumise à un calendrier strict venant contrôler les périodes de cultivation et de récolte ignorant les aléas climatiques et météorologiques. 

Afin de bénéficier des aides de la PAC, les agriculteurs doivent se conformer à ces contraintes sous peine de se voir supprimer certaines aides. 

Pour cela, leur travail est contrôlé et toutes les décisions prises doivent pouvoir être justifiées sous peine de sanction. Cette pression peut générer du stress supplémentaire et crée un climat d’anxiété auprès des agriculteurs. 

Les agriculteurs français ont exprimé leur colère vis-à-vis des politiques européennes et des accords de libre échange qui ont pour conséquences de voir les supermarchés français envahis par des produits étrangers ne respectant pas toujours les normes sanitaires et écologiques imposées en France. 

Ces importations sont souvent dépourvues d’informations claires sur l’origine, les conditions d’élevage, d'abattage et de découpage du produit, il est donc impossible de connaître la traçabilité de l’aliment. 

Encore plus problématique : la présence dans nos magasins de produits bio arborant un drapeau français, censé attester de son origine française, mais qui après vérification, seraient issus de culture non européenne. 

Ces techniques de marketing mensongères trompent les consommateurs et viennent totalement décrédibiliser les labels et les certifications biologiques et locales. 

La question de l’empreinte écologique se pose soulignant l’incohérence totale entre les objectifs de durabilité de la France et les produits qu’elle laisse entrer sur son sol. 

Cette situation crée une concurrence déloyale entre les produits français réputés pour leur qualité et les produits étrangers importés à un coût plus bas. La situation est donc paradoxale entre un Etat français qui prend des mesures pour protéger le climat et la santé des français mais qui importe des produits agricoles qui ne respectent en rien ces mesures. 

Les discussions en cours sur un potentiel accord de libre échange entre la France et le MERCOSUR pourraient renforcer ces problématiques sur le monde agricole. S’ils sont signés cela pourrait faciliter et augmenter l’importation de produits agricoles étrangers sur le sol français en allégeant voire en supprimant les droits de douane dessus. Le problème étant que dans ces pays les agriculteurs sont autorisés à utiliser certains pesticides et produits phytosanitaires interdits en France ce qui boosterait leur compétitivité au détriment de nos agriculteurs. 

La situation serait tristement ironique puisque nos agriculteurs devront chercher des débouchés ailleurs dans le monde pendant que le marché français serait inondé de produits étrangers. 

  • L’inefficacité de la réglementation française

Il existe depuis 2018 en France, une loi visant à protéger les agriculteurs : la loi Egalim ou « la loi pour l’équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et alimentaire ». Elle a pour objectif de protéger les intérêts des agriculteurs et les empêcher de vendre leur production à perte en couvrant leur coût de production afin de leur permettre de se verser un salaire. 

Sauf que cette loi, bien qu’elle ait été révisée de nombreuses fois, est inapplicable en raison d’un manque de contrôle venant de l’importation des produits étrangers. Le non-respect de cette loi venant de certains acteurs du marché, tels que les grands groupes agro-alimentaires, rend cette loi inefficace et ne permet pas de résoudre les problèmes financiers des agriculteurs. 

  • La réponse du gouvernement

En réponse aux blocages et aux manifestations des agriculteurs, le gouvernement Attal a rapidement réagi à la situation et a annoncé une série de mesures visant à améliorer la situation

Il serait prévu un allègement des contraintes administratives et réglementaires venant compliquer le travail des agriculteurs ainsi que des sanctions financières à l’encontre des entreprises qui manqueraient de transparence et mentiraient sur la traçabilité de produits avec des pénalités pouvant atteindre jusqu’à 10% du chiffre d’affaires réalisé. 

Là encore, l’efficacité de ces mesures reste à prouver car cela impliquerait de multiplier les contrôles par la direction de la répression des fraudes. Avec seulement 150 agents pour le pays entier, l’organisme aurait bien du mal à répondre à ces exigences sans un plan d’embauche à la clé. 

  • Les solutions proposées par les agriculteurs

Pour certains agriculteurs, les propositions du gouvernement ne vont pas assez loin et ne ciblent pas le véritable cœur du problème. Ils estiment qu’il est tout à fait anormal de devoir dépendre d’aides sociales pour vivre après 70 heures de travail hebdomadaire sur l'exploitation. Les agriculteurs devraient pouvoir toucher un salaire décent tous les mois et vivre dignement de leur travail. Il serait également intéressant de distribuer ces aides autrement que sur le seul critère du nombre d'hectares cultivé car cela reviendrait à privilégier les exploitations les plus grandes

Une alternative intéressante serait d’aider les agriculteurs à recruter davantage de travailleurs afin de créer de l’activité dans les zones rurales, inciter les jeunes à rejoindre ce domaine en leur offrant un emploi stable et valorisant, mais aussi libérer du temps pour les exploitants leur permettant d’avoir un meilleur équilibre vie professionnelle et personnelle. 

  • Les solutions à notre portée

Mais alors, que pouvons-nous faire pour aider les agriculteurs français tout en souhaitant consommer des bons produits locaux à moindre prix ? 

Une des solutions serait de prêter attention lorsque nous faisons nos courses aux rayons dédiés aux produits locaux de la ville ou issus de l’agriculture locale. Consommer ce type de produit permet à la fois de soutenir les agriculteurs, l’économie locale et de réduire l’empreinte carbone. 

Afin de mieux choisir le contenu de son panier de consommation, il est essentiel de lire les informations sur les étiquettes et de ne pas toujours se fier aux labels bio et aux différentes techniques marketing pouvant être utilisées sur les packagings.

Il est également possible de se renseigner sur les initiatives prises par certains acteurs locaux et associations visant à promouvoir une agriculture locale et saine. 

Par exemple, une initiative intéressante à mentionner serait la création en 2016 de la marque consommateur « C'est qui le patron ? ». Cette marque vise à créer des produits équitables et solidaires rémunérés au juste prix à la fois pour les agriculteurs, les consommateurs et les grandes surfaces. Chaque centime dépensé revient entièrement aux agriculteurs. 

Voici un produit phare que vous avez surement déjà croisé pleins de fois en faisant vos courses : 

Source : https://cestquilepatron.com/

Pour finir, il est essentiel de souligner que la transparence reste la clé pour renforcer la confiance des consommateurs envers les produits locaux et mettre en lumière la qualité de l’agriculture française et ses bienfaits sur l’économie locale et l’environnement.

Pour aller plus loin et en apprendre davantage sur l’agriculture et les différents régimes alimentaires retrouvez nos autres articles sur notre blog dans la rubrique « alimentaire »

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